Le football pris en otage au Cabinda

Publié le par S.BACHIR

Attaque du bus des joueurs togolais par des séparatistes angolais

Après le caillassage au Caire du bus des footballeurs algériens, le mitraillage au Cabinda des bus de la sélection togolaise constitue une étape supplémentaire dans l’instrumentalisation politique du sport. Une dérive à combattre sans pitié.

L’action des séparatistes angolais du Cabinda constitue un pas de plus dans l’utilisation absurde du caractère spectaculaire des joutes sportives internationales au service d’intérêts politiques. Comme lors des Jeux Olympiques de Munich, ensanglantés par les terroristes, il s’agit en effet de profiter de la lumière des projecteurs de la presse internationale braqués sur une partie du monde pour servir une revendication nationale (dont notre confrère David Cadasse avait bien expliqué les enjeux).

Comme d’habitude, le concert des condamnations morales va retentir, une fois retombée la nuée de stupéfaction qui a saisi la presse internationale. Mais il faut bien mesurer qu’avec cet acte stupide, un nouveau degré d’absurdité est franchi.

Car les joueurs togolais n’avaient littéralement aucune raison d’être ainsi pris pour cibles, dans un conflit ancien qui ne les concerne nullement, et qui porte sur l’indépendance du Cabinda, malheureuse enclave togolaise en terre congolaise, malheureuse parce que trop riche, riche de pétrole, cet or noir qui déchaîne les appétits et suscite jusqu’à la folie les vélléités d’indépendance, qui sont avant tout dictées par le désir de s’approprier les revenus de l’exploitation du sol...

Or cette affaire concerne l’Angola, et peut-être également le Congo Brazzaville frontalier, et bien évidement les habitants du Cabinda, partagés entre séparatistes et loyalistes. Mais certainement cette affaire ne concerne en aucun cas et d’aucune manière les joueurs de football togolais qui n’en avaient vraisemblablement jamais entendu parler. Ils ont été les innocentes victimes d’un jeu politique terroriste qui consiste à verser le sang d’innocents pour mettre en lumière une cause. C’est probablement la plus mauvaise manière de la faire avancer. C’est une méthode qui condamne les thèses de ceux qui l’adoptent. Le crime jamais ne conduit au bien.

Cet attentat contre des innocents ensanglante plus durablement les partisans de l’indépendance du Cabinda que des dizaines d’actions menées au cours des trois dernières décennies. Leur combat était méconnu, il est désormais haïssable. Ils sont eux-mêmes aujourd’hui les papillons grillés du feu médiatique qu’ils ont déchaîné. Ils ont voulu jouer avec les médias du monde mais leur feu d’artifice stérile désigne avant tout leur infâmie.

NB : pour une lecture historique du conflit du Cabinda, cf la Synthèse produite en août 2006 par David Cadasse au moment de la signature de la Paix entre Angola et Cabinda..

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Publié dans FOOT BALL

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